Date : 23 02 2003
Source :
http://actu.dna.fr/030223120712.4aek6quc.html
Jacques Chirac a dénoncé dimanche les "chercheurs dévoyés" et les
"laboratoires sans scrupule", préconisant l'adoption d'une
convention mondiale de bioéthique pour mettre fin aux dérives de la
science.
Intervenant lors d'un symposium international au Collège de France à
l'occasion des 20 ans du Comité consultatif national d'éthique (CCNE),
le chef de l'Etat a précisé qu'il prendra une initiative en ce sens
à l'automne devant la conférence générale de l'UNESCO.
Cette démarche vise à mettre des garde-fous contre "les dérives
nouvelles" dans les domaines de la biologie et de la génétique,
comme les tentatives de clonage humain.
"Des chercheurs dévoyés renouent avec les fantasmes eugénistes",
"des laboratoires sans scrupule se livrent à l'expérimentation
prématurée de nouvelles molécules sur des populations pauvres", la
traite d'organes donne lieu à des "trafics ignobles", a lancé M.
Chirac.
"Ces abus sont un défi à la conscience universelle. Il faut les
faire cesser", a-t-il ajouté.
Le président de la République a aussi soutenu la démarche
controversée du gouvernement qui souhaite interdire le clonage
reproductif mais aussi thérapeutique, tout en permettant des
recherches strictement encadrées.
"Le projet de loi en cours d'examen exprime donc le souci d'un juste
équilibre en autorisant et en encadrant pour cinq ans les recherches
sur les cellules embryonnaires mais en interdisant en revanche le
clonage thérapeutique", a déclaré Jacques Chirac.
Le Sénat, en accord avec le gouvernement, a voté fin janvier un
projet de loi en ce sens, mais des chercheurs, appuyés par
l'Académie de médecine, ont critiqué cette position trop prudente et
souhaité pouvoir mener des recherches plus librement.
M. Chirac a condamné sans appel le clonage reproductif comme "l'une
de pires atteintes à la liberté et à la dignité de la personne".
Concernant la brevetabilité du génome que l'ONU a inscrit en 1998 au
patrimoine de l'humanité, le chef de l'Etat affirme qu'un gène doit
pouvoir être breveté mais que, néanmoins, "les brevets ne doivent
pas empêcher d'utiliser un gène" afin de ne pas entraver la
recherche.
Soulignant que les progrès de la biologie et de la génétique
"portent en eux le meilleur et le pire", M. Chirac estime
indispensable de "mettre en place des règles internationales
communes" sous la forme d'une convention.
Pour cela, "il faudra avancer avec humilité, patience et sens du
dialogue", afin de "respecter les valeurs, les interdits et les
idéaux de chacun" mais sans "empêcher, par une sorte d'obscurantisme
moderne, des progrès utiles à la médecine et à la connaissance", a
dit Jacques Chirac.
Dans la lignée de la déclaration des droits de l'Homme de 1789, la
France "doit aujourd'hui être aux premières lignes du combat pour la
bioéthique, afin que les sciences de la vie restent des sciences au
service de l'homme", a ajouté le chef de l'Etat. |