Source :
http://www.tf1.fr/news/economie/0,,824069,00.html
Mis en ligne le 06 octobre 2001
L'opinion publique n'est la seule à se méfier des OGM. Les
assureurs, estimant que l'on n'est pas en mesure aujourd'hui
d'anticiper les dommages éventuels, refusent d'assurer les
producteurs d'OGM.
Les assureurs se montrent circonspects face aux risques potentiels
des organismes génétiquement modifiés (OGM) en refusant d'assurer
les producteurs. "Nous excluons les OGM, ce n'est pas un risque
assurable car nous ne sommes pas en mesure d'anticiper les dommages
qu'ils sont susceptibles de causer", reconnaît-on chez Axa. La
position des autres grands assureurs est identique, ce que confirme
la Fédération Française des Sociétés d'Assurances (FFSA). Cette
question de la responsabilité se pose au moment où le rapport du
Commissariat général du plan qualifie les OGM d'"outil
incontournable" et préconise "une cohabitation paisible entre
cultures OGM et non-OGM".
"Dans le domaine végétal, les risques supposés des biotechnologies
peuvent affecter la flore, contaminer les cultures conventionnelles
ou la faune sauvage, voire selon les techniques, les séquences
génétiques utilisées ou les végétaux concernés, toucher à la santé
humaine", justifie un assureur français. Aujourd'hui, la gravité et
la réalité de ces risques ne sont pas établies de façon unanime par
l'ensemble des scientifiques. Si certains les considèrent comme
négligeables, d'autres s'accordent pour estimer que des études
approfondies sont nécessaires pour améliorer leurs connaissances.
"En raison de l'application du principe de précaution par les
pouvoirs publics, les industriels souhaiteraient transférer vers
leurs partenaires habituels les charges que cette gestion induit si
les risques se réalisent", explique ce spécialiste du secteur. Mais
l'importance des enjeux financiers conduit les assureurs et
réassureurs à la plus grande vigilance dans l'acceptation du
transfert des risques liés aux OGM.
Quand on voit ce qui s'est passé à Toulouse
avec des firmes chimiques qui avaient des assurances, on imagine le
coût que pourrait avoir une pollution génétique et on comprend
pourquoi aucun assureur ne veut prendre le risque de couvrir les
producteurs de semences OGM", José Bové.
Résultat, en l'état actuel du dossier, les assureurs excluent ces
risques particuliers, "soit de façon précise et complète (tous les
OGM), soit en s'appuyant sur l'exclusion du risque de
développement", indique le professionnel, à savoir "les risques pour
lesquels les connaissances ne permettent pas de cerner correctement
les causes ou les conséquences". Interrogé, le groupe
franco-allemand Aventis a reconnu qu'il disposait d'une assurance
globale pour ses essais de plants OGM, mais pas d'une assurance
spécifique. Chez l'américain Monsanto, un porte-parole s'est
contenté d'affirmer qu'il n'y avait pas de jurisprudence en matière
d'hypothétique contamination de cultures traditionnelles par des
OGM.
Dès la parution du rapport du Commissariat général du plan, des
associations de consommateurs et des écologistes avaient mis
l'accent sur le problème de la responsabilité. "Quand on voit ce qui
s'est passé à Toulouse avec des firmes chimiques qui avaient des
assurances, on imagine le coût que pourrait avoir une pollution
génétique et on comprend pourquoi aucun assureur ne veut prendre le
risque de couvrir les producteurs de semences OGM", avait alors
estimé José Bové, porte-parole de la Confédération paysanne.
Par Sophie LUTRAND
|