|
  |
Monographie - ROBOTIQUE |
 |
|
Sommaire |
|
|
- Introduction
- Panorama historique
- Panorama actuel
- Perspectives
- Philosophie et politique
- Bibliographie thématique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ROBOTIQUE |
|
 |
|
1. INTRODUCTION
|
Dans le langage
courant, un robot désigne une machine conçue par l’Homme pour
effectuer certains travaux ou, plus globalement, pour être mise à
son service. Cependant, la frontière entre robot, machine ou
automate n’est pas ainsi clairement définie. La notion de robot
semble associée à une idée sinon d’autonomie, du moins
d’adaptabilité (que cela désigne la capacité de s’auto-adapter,
voire d’apprendre, ou, plus modestement, d’être adapté à un être
humain).
Bernard Espiau, de l’INRIA, définit le robot (voir « espiau99 »)
comme « une machine agissant physiquement sur son environnement en
vue d’atteindre un objectif qui lui a été assigné. Cette machine est
polyvalente et capable de s’adapter à certaines variations de ses
conditions de fonctionnement ».
Mais, plus intuitivement, le robot est une sorte d’être artificiel à
la Frankenstein, parfois effrayant, en ce sens que son autonomie le
rapproche fortement de l’être humain qu’il peut d’ailleurs remplacer
ou concurrencer dans bien des domaines.
Plus prosaïquement, le robot est un automate qui, dans nos usines,
simplifie la tâche des travailleurs ou les met au chômage, selon le
point de vue politique. |
Parallèlement, la
robotique constitue un champ important d’expérimentation
scientifique, de création « ludico-artistique », voire un mélange
des deux.
Toutes ces « robotiques » ont-elles autre chose en commun que les
technologies utilisées ? Une vision plus globale de la robotique
contemporaine permet-elle des analyses politiques, scientifiques et
philosophiques coordonnées ? A quels développements, interrogations,
bénéfices ou problèmes peut-on s’attendre dans un avenir
relativement proche ? Une analyse globale de la place manifestement
grandissante que la robotique occupe dans notre avenir permet-elle,
dès aujourd’hui, des décisions politiques et orientations
scientifiques sur la manière dont nous souhaiterons bénéficier au
mieux, pour tous, de cette technologie en plein développement ?
Quels choix s’offrent à nous et comment analyser la situation ?
Toutes ces questions justifie de prendre le temps de situer le
concept même de robotique, en relation avec notre Humanité et avec
la vie que nous souhaitons avoir. |
|
2. PANORAMA HISTORIQUE
|
2.1. INTRODUCTION
|
L’histoire de la
robotique, telle que nous souhaitons l’aborder, se décline selon
deux axes : son aspect philosophique, traité par les indices de la
mythologie et de la littérature, et ses différents aspect
technologiques, décrits depuis les automates jusqu’au domaine de la
vie artificielle puis à ce que nous appellerons la « biologie
artificielle ». |
|
2.2. MYTHOLOGIE ET LITTERATURE
|
Pygmalion
and Galeta, Jean-Léon Gérome (1824-1904),
Metropolitan Museum of Art
La littérature et
le cinéma constituent des indicateurs très importants de l’évolution
des idées, des peurs et des espoirs d’une civilisation. Cela est
particulièrement vrai pour la robotique dont le concept même est
avant tout littéraire. L’ancêtre par excellence du récit de créature
artificielle est probablement le mythe du Golem dans la tradition
juive, duquel le mythe de Pygmalion est souvent considéré comme un
avatar.
Pygmalion était un roi de Chypre, qui, selon la légende tomba
amoureux d’une envoûtante statue d’ivoire, Galatée, qu’il avait
lui-même sculpté. Touchée, la déesse Aphrodite décida de donner vie
à la statue.
Dans la Bible, le mot Golem apparaît au verset 16 du psaume 139,
dans le Livre des Psaumes, traduit selon les versions par « embryon
», ou « corps sans âme ».
C'est dans le Sepher Yetsirah (ou Livre de la Création) que le Golem
est créé par le rabbin Jérémie et son fils Ben Sira. Gravé sur son
front de glaise, le mot « émeth », (vérité), est inscrit.
Le Livre de la Création, écrit en Palestine entre le IIIe et le VIe
siècle par un Juif néo-pythagoricien anonyme, décrit la formation du
cosmos à partir des vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. Cet
ouvrage eut une vaste influence ; grâce à son étude, on croyait
possible de créer un Golem, c'est-à-dire un homoncule, par la
combinaison de lettres.
Selon le Dictionnaire Historique de la Langue Française, le mot
Golem « est emprunté (1877) à un mot hébreu signifiant d'abord
"masse informe, embryon" (hébreu biblique), puis "masse, tas"
(hébreu de la Michna). Le sens moderne du mot, "être artificiel à
forme humaine, animé par un texte biblique fixé sur son front",
apparaît en hébreu médiéval (XIIe siècle) dans les légendes juives
d'Allemagne ».

Le Golem se
retrouve de loin en loin dans la Kabbale, ainsi que dans les
légendes des pays d'accueil du peuple juif. C'est donc surtout en
Europe Centrale, essentiellement, que la tradition se perpétue,
jusqu'à pas le plus, remontant jusqu’aux écrits profanes en 1674. A.
von Arnim (Isabella von Aegypten) en 1812, puis Hoffmann (les
Secrets) en 1820 s'emparent du mythe pour le faire entrer dans la
littérature. Mary Shelley immortalise un Golem de chair en 1818,
avec « Frankenstein ou le Prométhée moderne », qui reste encore
aujourd'hui l'un des mythes les plus populaires du fantastique.
Frankenstein est une créature artificielle d’apparence humaine. Bien
que ressemblant à un Homme, elle fonctionnait comme une machine,
composée de pièces aux formes humaines mais assemblées à l’aide de
boulons.
Le Golem gagne un
mécanisme d'horlogerie dans la tête en 1842 dans Der Rabbi von Prag,
de U. D. Horn. |
En 1921, un
dramaturge tchèque, Karel Capek écrit une pièce intitulée « R.U.R »
(pour « Rossom’s Universal Robot »). C’est à Capek qu’on attribue
généralement l’invention du terme « robot », dérivé du tchèque «
robota » signifiant travail forcé, corvée ou servage. Dans cette
pièce, de petits êtres artificiels à forme humaine obéissent aux
ordres de leur maître.
Il ressort de ces exemples, et d’autres du même ordre, un paradigme
fortement ancré dans l’imaginaire occidental : l’esclave artificiel
finit toujours par échapper au contrôle de son créateur et à se
retourner contre lui ou contre l’Humanité. Cela semble lié à une
transgression fondamentale: animer l’inanimé, c’est prendre la place
de Dieu. Les histoires de créatures artificielles semblent toujours
entachées du « pêché » de l’apprenti-sorcier qui a osé dépasser les
pouvoirs attribués à l’Homme par une certaine tradition religieuse.
Ce n’est peut-être pas un hasard si le Japon, dont la mythologie
est, à notre connaissance, totalement dépourvue d’histoires de
créatures artificielles malfaisantes, devient le berceau d’une
robotique éminemment ludique… Nous y reviendrons.
Le terme « robotique » va être inventé, en 1942, par Isaac Asimov,
docteur en biochimie, dans la nouvelle « Runaround » (Cercle
vicieux). Contrairement à la mythologie culpabilisante et pessimiste
sur la création d’un être animé, Asimov, athée d’origine juive, est
convaincu que ce sont les Humains qui sont directement responsables
des problèmes de notre société et non pas quelque créature
métaphysique. Il est un fervent défenseur de la pensée scientifique.
LES TROIS LOIS DE LA ROBOTIQUE
Dans « Runaround » il décrit les trois lois de la robotique, sensées
limiter le libre arbitre (éventuel) d’un robot afin qu’il ne puisse
pas nuire à un Humain. Il s’agit des garanties dont l’Humanité
devrait s’entourer lorsqu’elle développera massivement la science
robotique :
1) Un robot ne peut nuire à un être humain ni laisser sans
assistance un être humain en danger,
2) Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par les êtres
humains, sauf quand ces ordres sont incompatibles avec la première
loi,
3) Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette
protection n’est pas incompatible avec la première ou la deuxième
loi.
Au cinéma, on relèvera « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley
Kubrick dans lequel une intelligence artificielle enfreint la
première loi pour obéir aux deux autres.
Il est important également de signaler des romans et films récents
dans lesquels le robot s’affranchit de son statut de robot (ou
essaie de le faire) sans pour autant chercher à nuire aux êtres
humains. C’est le cas par exemple dans « L’homme bicentenaire » de
Chris Columbus et dans « IA »
de Steven Spielberg (co-écrit par Stanley Kubrick).
|
|
2.3. AUTOMATES
|
Les
robots modernes descendent bien entendu des automates, conséquence
du développement de l’horlogerie, tels les Jacquemarts, statuettes
animées, apparues au XIVe siècle, qui, placées en haut des tours
pour saluer Dieu, marquaient les heures et incarnaient « le mystère
religieux du temps ».
Au XVIIIe siècle se développe une nouvelle vision de l’automate qui,
au-delà de l’apparence, prétend copier les mécanismes biologiques.
Jacques Vaucanson, né à Grenoble en 1709, fait à la fois des études
de mécanique et d’anatomie. Rien d’étonnant à ce qu’il souhaite
combiner les deux.
Il n’est pas loin de la pensée de Descartes qui compare l’Homme à
une machine. Vaucanson veut construire des machines reproduisant les
principales fonctions de la vie : respiration, digestion,
circulation sanguine. Ses automates les plus célèbres se veulent des
moyens d’obtenir l’intelligence expérimentale d’un mécanisme
biologique.
En 1738, son joueur de flûte exécutait les mêmes opérations qu’un
joueur vivant (souffle, lèvres, doigts).
En 1739, Vaucanson présente son célèbre Canard capable de digestion,
qui fera sa renommée. Son canard bat des ailes, mange du grain, le
digère et défèque de petites crottes. Mais si le mouvement des ailes
du canard de Vaucanson est un chef-d’œuvre de simulation anatomique,
la digestion n’est qu’une habile supercherie qui sera découverte et
dévoilée, en 1844, par le prestidigitateur Robert Houdin. |
Les robots
modernes descendent bien entendu des automates, conséquence du
développement de l’horlogerie, tels les Jacquemarts, statuettes
animées, apparues au XIVe siècle, qui, placées en haut des tours
pour saluer Dieu, marquaient les heures et incarnaient « le mystère
religieux du temps ».
Au XVIIIe siècle se développe une nouvelle vision de l’automate qui,
au-delà de l’apparence, prétend copier les mécanismes biologiques.
Jacques Vaucanson, né à Grenoble en 1709, fait à la fois des études
de mécanique et d’anatomie. Rien d’étonnant à ce qu’il souhaite
combiner les deux.
Il n’est pas loin de la pensée de Descartes qui compare l’Homme à
une machine. Vaucanson veut construire des machines reproduisant les
principales fonctions de la vie : respiration, digestion,
circulation sanguine. Ses automates les plus célèbres se veulent des
moyens d’obtenir l’intelligence expérimentale d’un mécanisme
biologique.
En 1738, son joueur de flûte exécutait les mêmes opérations qu’un
joueur vivant (souffle, lèvres, doigts).
En 1739, Vaucanson présente son célèbre Canard capable de digestion,
qui fera sa renommée. Son canard bat des ailes, mange du grain, le
digère et défèque de petites crottes. Mais si le mouvement des ailes
du canard de Vaucanson est un chef-d’œuvre de simulation anatomique,
la digestion n’est qu’une habile supercherie qui sera découverte et
dévoilée, en 1844, par le prestidigitateur Robert Houdin. |
|
2.4. CYBERNETIQUE
|
En 1936,
Alan Turing définissait une machine théorique, structurellement très
simple, munie d'un jeu d'instructions vraiment élémentaires et
capable cependant de calculer toute fonction sur les entiers ;
absolument toute fonction, comme une suite d'instructions. Il
définissait ainsi une nouvelle science : la science du calculable.
L’intérêt de la « machine universelle de Turing » est qu’elle
représente la manipulation théorique d’informations codifiées
indépendamment d’un support physique particulier.
Il devient, par conséquent, possible d’envisager une similitude de
comportement d’un système formel à travers différents supports
matériels. C’est cette idée qui est à l’origine des nombreuses
simulations informatiques.
Lorsque Norbert Wiener exposa son concept de cybernétique en 1948, l'ensemble des spécialistes des calculateurs automatiques
pensèrent que c’était réellement nouveau. Mais la discussion sur la
validité des machines de Wiener s'inscrit dans la suite des
recherches cabalistiques sur les rapports entre une chose à animer
et le langage, c’est-à-dire le mythe du Golem (Wiener aborde cette
question dans God and Golem, 1964).
Le mot cybernétique vient du grec Kubernêsis (diriger, gouverner).
Cette discipline cherche à expliquer, grâce à des concepts
mathématiques, les comportements de systèmes naturels ou
artificiels, ainsi que les échanges d’informations entre ces
systèmes. A une apparente similitude de comportement entre machine
et organisme naturel, la cybernétique recherche des explications
communes. L’accent est mis sur le comportement plutôt que sur la
structure qui le réalise.
L’analogie avec le vivant est recherchée et l’esprit est largement
pluridisciplinaire même si la logique mathématique reste le concept
central.
En 1948, John Von Neumann (à qui l’on doit l’architecture
de nos ordinateurs) utilisait la notion de description codée des
automates dans un projet d’automates reproducteurs. Le mécanisme
qu’il avait imaginé à l’époque préfigurait, de manière étonnante,
les principes de fonctionnement de l’ADN découvert par Crick et
Watson peu de temps après.
Au-delà d’une théorie, la cybernétique s’attache à la réalisation de
machines capables de reproduire des comportements de systèmes
naturels. Le cerveau humain est, bien sûr, une importante source
d’inspiration pour les chercheurs.
La cybernétique a disparu comme champ scientifique distinct ; non
pas par épuisement de son sujet, mais parce que son approche s’est
fondue dans beaucoup de domaines scientifiques qu’elle a fortement
enrichis. Pour ne prendre qu'un exemple, la génétique serait
aujourd'hui incompréhensible sans recours explicite aux concepts de
codages et de communications d'informations entre systèmes
inter-agissants. |
|
2.5.
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
|
Les performances
des ordinateurs, notamment pour des tâches logiques et mathématiques
ont provoqué un immense espoir en l’intelligence artificielle,
c’est-à-dire en la possibilité de créer, grâce aux ordinateurs, des
machines dotées d’une l’intelligence telle qu’un observateur humain
dialoguant avec elles ne saurait pas les distinguer d’un être humain
(ceci est la définition même d’une expérience imaginée par Alan
Turing et connue sous l’appellation « Test de Turing », permettant
de déterminer si une machine est réellement intelligente).
Certains considèrent que tout processus mental et/ou biologique peut
être simulé par un programme d’ordinateur. Les partisans de
l’hypothèse dite de « l’intelligence artificielle forte »
soutiennent même que les machines peuvent, non seulement simuler
(c’est-à-dire donner l’apparence d’une intelligence), mais également
réaliser cette intelligence. C’est toute la différence d’une machine
qui donne la bonne réponse parce qu’elle obéit à des règles ou parce
qu’elle a « compris » la question, au sens humain. Nous n’allons pas
ici nous étendre sur le volumineux débat qui perdure de nos jours et
portant sur la nature de l’intelligence et de la faisabilité d’une
intelligence artificielle.
Toujours est-il que les grands espoirs illustrés par l’ordinateur
HAL de « 2001 l’odyssée de l’espace » n’ont manifestement pas
(encore) été satisfaits.
Il est apparu depuis les années 1981 à 1990 un nouveau
courant de l’intelligence artificielle portant sur « l’embodiement »
(ce qu’on pourrait traduire par l’incorporation, ou l’incarnation…
le fait d’avoir un corps).
Jusque là, le modèle d’intelligence des ordinateurs consistait en
une machine « intelligente et savante » à laquelle on posait des
questions (ou on soumettait des problèmes) et qui y répondait. Mais,
avec le développement de la robotique, l’idée qui s’impose est que
l’intelligence n’est pas « dans » la machine, mais dans son
interaction plus ou moins autonome avec son environnement, au
travers d’un corps physique. Il ne s’agit plus d’une « intelligence
artificielle » presque éthérée mais d’un être intelligent dans sa
manière d’interagir avec le monde… Ce qui donne une grande
importance au fait qu’il a un corps, des capteurs sensoriels et une
manière de modifier l’environnement qu’il va lui-même percevoir.
Cela est souvent rapproché du modèle d’un bébé qui apprend à
coordonner ses mouvements par une boucle de retro-action à travers
le monde (en voyant ce qu’il fait pendant qu’il le fait).
Ainsi, les robots sont devenus, de plus en plus, non seulement le
terrain d’un besoin d’une intelligence artificielle pour les rendre
plus autonomes, mais également des outils expérimentaux pour
réaliser une intelligence plus proche de celle des animaux que ne
l’est celle d’un ordinateur joueur d’échec, fut-il champion du
monde.

A titre d’illustration, on signalera la gamme de coffrets «
Mindstorm » produite par la firme Lego, réalisée en collaboration
avec des chercheurs, et désormais disponible pour le grand public,
qui permet de réaliser des robots en Lego (avec moteurs et capteurs
sensoriels) et de leur programmer des comportements grâce à un
ordinateur et un logiciel adapté. |
|
2.6.
VIE ARTIFICIELLE
|
Encore un
pas plus loin sur l’axe de l’intelligence artificielle dotée d’un
corps et située dans un environnement, la «Vie Artificielle » est le
nom donné à une nouvelle discipline fondée par Chris Langton et qui
rassemble des scientifiques d'origines variées, des chimistes, des
biologistes, des physiciens et des informaticiens. Leur but est de
tenter de reproduire le phénomène biologique de la vie, soit par des
simulations par ordinateur, soit par des expériences hautement
contrôlées.
La « Vie Artificielle » se définit comme complémentaire de
l'approche analytique traditionnelle en biologie.
La chimie, en tant que discipline, a d'abord débuté par l'analyse
des éléments chimiques qui se produisent naturellement et s'est
poursuivie par la création de classements jusqu'à la synthèse de
nouveaux éléments, permettant aux chimistes de comprendre la
relation entre la structure et la fonction, celle de l'ADN comprise,
la connaissance et la maîtrise de ce qui a contribué à la création
d'une gamme infinie de nouveaux produits s'appliquant à la vie de
tous les jours.
L'approche de la vie artificielle est moins analytique et plus
synthétique : plutôt que de déterminer comment fonctionne un
organisme vivant, son objectif, c'est d'essayer d'organiser des
systèmes qui agissent comme des organismes vivants afin de créer de
nouvelles formes de vie.
Le domaine de la vie artificielle comporte de très nombreux aspects
que nous ne détaillerons pas ici. Entre autres, il partage avec
l’intelligence artificielle, un intérêt pour la synthèse des agents
autonomes capables de s’adapter. Les agents autonomes sont des
systèmes qui évoluent dans un environnement complexe et/ou
dynamique, et qui perçoivent et agissent de manière autonome dans
cet environnement… Et, ce faisant, réalisent des tâches ou
atteignent des objectifs pour lesquels ils ont été conçus.
La vie artificielle, s’inspirant de la biologie dans son approche, a
donné naissance au concept d’animat, c'est-à-dire d’animaux simulés
ou de robots, dont les lois de fonctionnement sont inspirées de
celles des animaux.
La vie artificielle ne constitue pas qu’un champ d’expérimentation
scientifique, de manière complémentaire, elle développe également
des caractéristiques extrêmement ludiques, des comportements ou des
animats pouvant devenir des œuvres d’art ou des jouets. On connaît
le succès qu’ont eu les tamagochis (simulation sous forme d’un jeu
électronique d’un animal de compagnie dont il faut s’occuper), ou
plus récemment le chien-robot Aïbo, produit par Sony. |
|
2.7.
BIOLOGIE SYNTHETIQUE
|
Puisque, comme on
l’a vu, la cybernétique (et bien sûr, l’informatique) a
définitivement permis la séparation entre le substrat physique et la
fonction réalisée, on ne peut pas ne pas étendre la notion de robot
à toutes les manières imaginables de le réaliser… En particulier à
la matière vivante. On revient ainsi curieusement à l’origine
mythologique du concept, le Golem.
Plus directement, si un robot est une machine adaptable (voir
auto-adaptable) créée pour être « utilisée », alors tout ce qui est
de constitution biochimique et que nous adaptons, programmons,
transformons pour notre usage relève de la notion de robot. Quand il
s’agit du vivant, on lit souvent le mot « instrumentalisé ».
D’une certaine manière, les animaux de trait, les chiens de garde,
chats de compagnie ou débarrasseurs de rongeurs sont
instrumentalisés. Mais plus encore, les animaux (ou les plantes)
transformés (voire un jour créés) pour notre usage s’approchent de
la catégorie des « robots biologiques ».
Depuis des millénaires, l’Homme a artificiellement sélectionné des
espèces végétales ou animales en fonction des qualités qu’il
souhaitait privilégier, produisant ainsi plusieurs espèces qui n’ont
plus grand rapport avec les espèces sauvages initiales (comme
certains chiens de compagnie de très petite taille, comme le blé que
nous cultivons, ou encore comme nos vaches laitières, qui n’existent
pas à l’état sauvage).
Plus récemment, les OGM ont été le résultat de méthodes plus
directes. Pour obtenir ces nouvelles espèces, on a modifié
directement et artificiellement le programme génétique d’espèces
existantes.
Les exemples d’instrumentalisation du vivant deviennent de plus en
plus nombreux, pour n’en citer que deux : la création d'une bactérie
transgénique qui produit de l'insuline humaine, ou plus récemment,
des animaux-usines comme, entre autres, une chèvre produisant dans
son lait une fibre ultra-légère à base de protéines de soie
d'araignée (utilisable par l’industrie textile).
Dans la catégorie plus ludique ou artistique, un lapin fluorescent a
été créé, en 1998, pour l’artiste Brésilien Eduardo Kac. On imagine
aisément des enfants de l’an 2010, tout fous d’avoir un tel animal
de compagnie.
On connaît également des réalisations expérimentales hybrides entre
le biologique et la robotique normale, comme un robot commandé par
un cerveau de lamproie annoncé en novembre 2000. |
|
2.7.
NANOBOTS
|
Proche du vivant
par leur taille et leur éventuel mode d’auto reproduction, les
nanorobots projetés par le visionnaire Eric Drexler promettent une
révolution considérable de notre environnement immédiat et
mériterait une monographie à eux seuls.
Mesurant 0,6 mm de haut et 0,3 de large, les microrobots, mis au
point par l'Université de Linköpings, en Suède, manipulent des
sphères de verre d'un dixième de millimètres ! Se déplaçant
naturellement dans le sang, les urines et tout autre liquide et,
dotés chacun d'un coude, d'un poignet, d'une main et de deux à
quatre doigts, ces robots pourraient se rendre utiles à notre
organisme : capables de saisir des cellules vivantes sans les
endommager, ils les transporteraient au cœur de futurs laboratoires
d'analyses microscopiques…
Mieux encore : qu'un simple robot articulé, l'équipe du professeur
Montemagno, de l'Université Cornell, à New York, a inventé un
micro-hélicoptère capable de circuler dans le corps humain via les
vaisseaux sanguins.
Composé d'un corps et d'une pale en nickel, c'est une substance
chimique qui lui sert de carburant. Notre hélicoptère pourrait, par
exemple, transporter des médicaments au cœur même des cellules.
Selon le même principe, une équipe de l’Université de l’Utah, elle,
s’est penchée sur un sous- marin
qui attaquerait des tumeurs ou déboucherait des artères…
Plus récemment, en mai 2002, des chercheurs ont créé des
rats télécommandés en leur implantant des électrodes dans le
cerveau. Ils peuvent leur commander de tourner à droite, gauche, de
grimper aux arbres. Equipé de mini-caméras, ces rats pourraient
devenir des explorateurs ou être utilisé pour recherches des
victimes de catastrophes. |
|
3. PANORAMA ACTUELLE
|
3.1. INTRODUCTION
|
Des
exemples précédents, on peut dégager trois axes de développement de
la robotique : les machines utilitaires (comme les métiers à tisser,
ou les animaux-usines), les outils d’expérimentation scientifique
sur la cognition ou l’autonomie (comme les animats), ou des
créations artistiques et ludiques (comme les automates de
Jacquet-Droz, les tamagochis, ou d’une certaine manière les chiwawas
voire le lapin fluorescent). |
|
3.2. UTILITAIRES
|
Les robots
utilitaires ont tous des fonctions de substitution à l’Homme, que ce
soit pour le prolonger en étant télécommandés comme les robots
explorateurs de la planète Mars, les robots travaillant en zone
dangereuse pour l’Homme (champs de mines, centrales nucléaires), ou
que ce soit pour le remplacer dans des travaux pénibles et
répétitifs.
Qu’on le veuille ou non, la robotisation se retrouve à tous les
niveaux de notre société, de la machine à laver le linge ou la
vaisselle, à la chaîne de montage en usine, en passant par les
trains sans chauffeurs, les pilotes automatiques d’avions (et déjà
de voitures, à l’état de prototypes) ou le tri automatique du
courrier.
C’est dans les années 1945 à 1960 que la société Unination installe
en production automobile le premier robot industriel. L’industrie
automobile, puis l’électroménager et l’électronique ont donné une
large place à la robotisation, pour des tâches cependant
relativement simples comme le « pick-and-place », la soudure par
points, l’assemblage simple et la peinture. On reste là encore très
proche de la machine-outil, dotée de peu |
d’autonomie mais
relativement polyvalente.

Les robots
mobiles utilitaires ont cependant fait leur apparition dans les
années 1981 1990 avec par exemple le robot nettoyeur de la société
Comatec, utilisé dans les couloirs de métro de Paris ou le robot
aspirateur annoncé par Electrolux.
Le robot
Sojourner participant sur la planète Mars à la mission Pathfinder de
la NASA, bien que télécommandé depuis la Terre, devait bénéficier
d’une certaine autonomie pour compenser le délai de communication de
dix minutes entre les deux planètes et éviter les obstacles présents
sur son chemin.
Les applications de la robotique sont trop nombreuses pour être
citées, elles vont de la chirurgie à distance ou assistée, aux
véhicules automatiques comme les drones militaires. |
|
3.3. EXPERIMENTATION
SCIENTIFIQUE
|
Les
robots constituent une plate-forme d’expérimentation scientifique,
non seulement pour permettre de créer des robots plus performants,
mais également pour étudier et tenter de comprendre les notions
d’intelligence, d’autonomie, d’interaction, d’adaptabilité et de
coopération.
Là non plus, il n’est pas possible de citer toutes les recherches,
mais quelques exemples actuels devraient nous permettre d’imaginer
aisément le degré d’autonomie ou de complexité des robots
utilitaires de demain.
Par exemple, des ingénieurs japonais viennent de mettre au point un
robot skieur capable de sauter d'un tremplin et tourner en vrille
comme un skieur acrobatique.
Au MIT, l’équipe
du professeur Rodney Brooks a créé Cog, un robot humanoïde
(cependant dépourvu de jambes), servant de plate-forme de test pour
étudier des théories des sciences cognitives et de l’intelligence
artificielle. L’objectif est de créer un robot capable d’interagir
avec le monde, y compris avec les objets et les gens, d’une manière
semblable aux Humains. Il s’agit, là aussi, d’étudier l’intelligence
humaine en essayant de la réaliser.
La firme Honda a également produit un robot humanoïde nommé ASIMO,
disponible au Japon en location pour expérimentations ou
événements-spectacles. Ce robot est particulièrement impressionnant
par sa gestion d’équilibre en marchant sur deux jambes articulées
ainsi que pour sa capacité à monter et descendre des escaliers.
De très nombreux
robots mobiles non-humanoïdes sont disponibles sur le marché des
plate-formes d’expérimentations, utilisées pour mettre au point des
programmes de contrôle et d’apprentissage de plus en plus complexes. |
|
3.4. ART ET JEU
|
RoboCup
est un projet international de promotion de l’intelligence
artificielle, de la robotique et des domaines associés. Il s’agit
d’une tentative d’encourager la recherche en IA et en robotique, en
fournissant un problème standard dans lequel une large gamme de
technologies pourront être intégrées et testées. RobCup est un
tournoi annuel de football pour robots. Le but ultime du projet est
d’obtenir, en 2050, une équipe de robots humanoïdes
totalement autonomes et pouvant gagner contre l’équipe humaine qui
sera championne du monde de football. La tâche est aussi complexe
que motivante. Plusieurs technologies doivent être associées pour
réaliser des robots rapides, autonomes, capables de collaborer en
équipe et de réagir en temps réel dans un environnement dynamique. RoboCup fournit également une plate-forme logicielle pour la
recherche.
On a déjà mentionné la gamme Mindstorm, de LEGO, à la fois jouet et
outil d’expérimentation, résultant d’une étroite collaboration entre
la firme de jouets et la recherche en IA.
Le robot HOAP,
présenté en septembre 2001 par la firme Fujitsu, également développé
pour la recherche, est cependant disponible à la vente aux
particuliers, qui pourront eux aussi « jouer » à lui programmer des
comportements. Au Japon, la frontière entre jeu et recherche semble
disparaître, et par là-même, il apparaît que l’on stimule l’intérêt
du public déjà grand pour les robots, ouvrant la porte à une
formation et une recherche accrue en ce domaine.
Au Japon, on ne
compte plus les robots jouets, dont les chiens « Aïbo » sont parmi
les représentants les plus célèbres.
Ils y deviennent partenaires de jeu, partenaires sociaux et même «
robots de compagnie ».

Frédéric Kaplan,
chercheur au CSL (Computer Science Laboratory) de Sony à Paris,
déclarait à www.vieartificielle.com :
« Les AIBOs actuels sont le résultat de six années de recherche. Le
projet commence en 1993, sous l'impulsion de Toshi Doi. L'idée de
départ était de concevoir un robot ludique et non pas un robot
utilitaire comme ceux qui existaient. C’était vraiment innovant pour
l'époque. Le succès des tamagochis, par exemple, n'a commencé qu'en
1995. Le choix de la locomotion quadrupède était un véritable
challenge technique. Mais Toshi Doi pensait qu'un robot qui marche à
quatre pattes serait beaucoup plus naturel pour nous qu'un robot
hexapode ou sur roues. Quand j'ai vu les premiers prototypes, j'ai
été vite convaincu qu'il avait raison. La façon dont le robot bouge
est fondamentale sur la manière dont nous le percevons. Aujourd'hui,
nous voyons apparaître les premiers robots bipèdes. La prochaine
étape sera l'arrivée de robots qui courent ou qui sautent. […]
Sa commercialisation marque une étape importante dans le domaine de
la robotique. Le succès commercial qu'il représente au Japon, et
peut-être bientôt en Europe, démontre la possibilité d'un objet d'un
type nouveau : un robot qui n'est pas là pour nous rendre des
services, mais simplement pour nous divertir, nous tenir compagnie
et peut-être partager des expériences avec nous. Les ordinateurs
sont arrivés dans nos maisons d'abord grâce aux jeux, très modestes
au départ, qu'ils proposaient. Ce sera peut-être la même chose avec
les robots. D'abord simplement ludique, nous leur trouverons
peut-être une utilité que nous ne soupçonnons pas encore ».
Les nouveaux
insectes robots, développés par Hasbro, ont été présentés à
l'occasion de la Foire du Jeu de Hong Kong… Le premier jouet
intégrant un système nerveux avancé. La créature s'appelle B. I. O.
bug (Bio-mechanical Integrated Organisms).
L'insecte peut aller et venir comme bon lui semble, reconnaître des
amis ou des éléments hostiles, éviter les obstacles. Il réagit
exactement comme le ferait un véritable insecte, c'est-à-dire de
façon imprévisible. Vous pouvez cependant commander à votre insecte
de vous suivre comme un petit chien grâce à un transmetteur spécial.
Il existe quatre espèces « d'insectes-robots », identifiables par
quatre couleurs distinctes qui symbolisent les caractéristiques
propres à chaque espèce. Les insectes robots sont lâchés dans la
nature à partir de septembre 2001.
Et pour clore ce panorama très incomplet, il faut mentionner les «
robots sexuels », descendant des antiques « poupées gonflables ». A
l’image des simples « poupées qui pleurent » des années 1961 à 1970
qui sont devenues de vrais robots comme le chien Aïbo, les poupées à
usage sexuel se perfectionnent également. Certaines firmes proposent
des poupées qui sont des répliques d’actrices réelles, avec tout un
tas de fonctions interactives au niveau des orifices.
Une
publicité pour un robot sexuel, réplique d’une actrice. |

On n’en
est pas encore au « love mecha » du film de Spielberg « A.I »,
mais on en prend néanmoins la direction. |
|
|
4. PERSPECTIVES
|
4.1. VIE QUOTIDIENNE
|
Il n’est pas très
difficile, à la lumière des exemples existants, des derniers
développements de la robotique et des recherches en cours,
d’imaginer le bouleversement envisageable dans les années à venir.
Des robots qui travaillent dans la rue, font le ménage dans les
maisons, vous remplacent à l’usine, dialoguent en français avec
vous, font vos courses et conduisent votre voiture, ne sont plus
l’exclusivité des visionnaires et des auteurs de science-fiction,
ils constituent le discours des spécialistes du domaine.
Pour ne citer que quelques exemples, selon le Professeur Frank
Pollick, psychologue à l'Université de Glasgow, en Ecosse, en 2050, les robots humanoïdes, sociables et autonomes feront
partie de notre vie quotidienne et leur présence deviendra aussi
banale que celle des feux rouges de nos carrefours. Selon lui, le
principal obstacle à l'utilisation généralisée de ces robots ne sera
pas technologique ou économique mais social. Il travaille sur ces
robots « sociaux » dans le cadre du projet japonais « Cyberhumain »,
à Kyoto. Il souligne que, pour la plupart des gens, le contact
physique avec un robot humanoïde reste une idée abstraite et pense
que les robots devront pouvoir simuler les sentiments et
comportements humains pour se faire accepter par la société et ne
pas provoquer de réactions de rejet ou d'hostilité. Le Docteur
Pollick reconnaît cependant qu'il est un peu « étrange » de
converser et de toucher ces robots. Mais il est convaincu que les
enfants de la nouvelle génération, qui vont grandir entourés de
robots-animaux de |
compagnie,
accepteront sans difficultés majeures la présence de robots
humanoïdes
dans leur vie quotidienne, à condition que ceux-ci soient
serviables, sympathiques et... drôles !
Les Japonais sont
en train de fabriquer des animaux familiers robotiques, dotés
d'intelligence artificielle. Cependant, les médecins pensent que ces
robots sont bien plus que de simples jouets et qu'ils peuvent
également faire office de compagnons pour les personnes âgées se
sentant seules, enfermées chez elles. A Osaka, Tomoko Komiyama, une
femme âgée de 74 ans, a participé à une expérience liant l'Homme à
la machine. Elle a été pendant une année en compagnie d'un appareil
en forme de Koala appelé « Wandakun ». « Quand j'ai regardé ses
grands yeux bruns, je suis tombée amoureuse après des années de
solitude », a exprimé Tomoko, qui vit seule.
Des publications récentes font état d’études pour rendre les robots
plus conviviaux, ou pour améliorer la coopération et l’acceptabilité
par les Humains d’avoir des robots comme partenaires sociaux. Des
exercices de Taï Chi se pratiquant à deux sont proposés par le Dr
Pollick pour tester la coopération harmonieuse dans un mouvement
commun, entre un Humain et un robot humanoïde.
Bien sûr, les voitures gagnent en autonomie et l’on n’est pas loin
du taxi sans chauffeur (ce qui est déjà expérimentalement réalisé
sur des routes balisées ou sur des autoroutes). |
|
4.2. JUSQU'A QUAND
SAURONS-NOUS FAIRE LA DIFFERENCE ?
|
Avec
l’apparition de robots « de compagnie » ou avec lesquels on peut
interagir naturellement, en même temps que le développement
d’extension du corps humain façon « cyborg » (toutes les prothèses
électroniques imaginables, pour la vue, la mémoire, le déplacement,
la télécommunication, la santé, etc.) et avec la domestication d’OGM
soit utilitaires soit artistiques (comme le lapin fluorescent), on
peut se demander jusqu’à quel point nous ferons toujours la
différence entre ce que l’on dit « artificiel » et ce que l’on dit «
naturel ». Certains, en Europe, s’en inquiètent déjà au sujet des
robots jouets assimilables à des animaux, craignant que les enfants
ne fassent pas bien la différence (voir ci-après au paragraphe 3.2 «
Les non-réponses, ou l’état des peurs actuelles »). La question
qu’on peut sérieusement se poser, est : y a-t-il une différence
fondamentale, en dehors du matériau utilisé, entre les « animaux »
et les « animats » ? C’est bien l’idée de la cybernétique que de
gommer la frontière entre les diverses manières de réaliser un même
« animal ».
Qu’en sera-t-il lorsque nous saurons réaliser des robots
intelligents qui seront capables de modifier leur propre programme
et donc de changer le comportement que nous leur aurons assigné «
par nature ». Qu’est-ce qui différenciera un robot humanoïde capable
d’autonomie et d’auto programmation d’un Humain ? On rejoint là,
l’expérience fondamentale proposée par Alan Turing (et son fameux «
test de Turing ») : ce qui permettra de décider que nous aurons
réalisé une machine réellement intelligente réside, précisément,
dans le fait que nous ne saurons plus faire la différence entre le
comportement de la machine et celui d’un être humain. |
|
4.3. INTELLIGENCE
HUMAINE ARTIFICIELLE ET AU-DELA
|
Jean-Michel
Truong est psychologue et philosophe. Spécialiste de l'intelligence
artificielle et romancier, il a fait scandale auprès des auditeurs
de la radio suisse romande lorsque lors d’une interview, il a
annoncé que les machines pourraient très vite dépasser
l’intelligence humaine, et pourquoi pas nous remplacer.
Un autre spécialiste de l’intelligence artificielle, Ray Kurzweil
tient le même discours, annonçant, pour dans quelques dizaines
d’années, une super-intelligence, face à laquelle, nous serons
infiniment limités.
4.4.
NANOBOTS
Dans un autre
domaine, les précurseurs de la nanotechnologie, comme Eric Drexler,
nous annoncent également la transformation radicale de notre
environnement par les nanobots. Cette technologie nous donnant un
contrôle total de la matière au niveau atomique, devrait entièrement
révolutionner nos modes de production, nos modes de vie et la
société toute entière. Il s’agit là d’une robotique libérant
totalement l’Humanité du travail, en particulier grâce à la capacité
pour ces nano-robots de se reproduire, donc de gérer de manière
autonome leur propre production, comme le fait le vivant. |
|
4.5. ROBOTS
BIOLOGIQUES
|
Et
finalement, ultime aspect révolutionnant également radicalement
notre vie, les robots biologiques. Nous l’avons déjà mentionné,
l’utilisation de matériaux biologiques au lieu de simples matériaux
mécaniques s’imposera d’elle-même et ne sera que le prolongement
d’une instrumentalisation du vivant déjà commencée depuis très
longtemps. Qu’est-ce qui serait aussi proche de la définition d’un
nanobot sinon une cellule programmée génétiquement pour une tâche
précise ?
Que peut être le Graal ultime de la robotique humanoïde, sinon des
robots biologiquement identiques à nous, mais dotés des seules
capacités intellectuelles que nous souhaiterons leur donner,
exactement comme nous le ferions avec des robots d’informatique et
de mécanique. Et pourquoi pas des êtres artificiels égaux voire
supérieurs à nous. Certains s’inquiètent de cela, mais est-ce bien
l’apparition de génies qui menace le plus notre Humanité ? |
|
5. PHILOSOPHIE ET
POLITIQUE
|
5.1. QUESTIONS
SOULEVEES
|
Les
questions politiques et philosophiques soulevées par la robotique
sont de plusieurs ordres que nous allons subdiviser en deux
catégories, d’une part les questions touchant à notre conception de
l’Homme ou de la vie (question dites « éthiques » ou fondamentales),
et, d’autre part, les questions plus pratiques (plus politiques) sur
des choix de société, les deux catégories étant bien entendu liées.
On l’a vu, les questions fondamentales sont à la base même du
concept mythologique de « robot » et portent sur l’interdit de «
créer la vie », le Golem. Autrement dit, est-il choquant, et si oui
pour qui et pourquoi, de parler de « robots biologiques » ou
d’intelligence artificielle supra-humaine ?
Les questions politiques sont liées à ces questions fondamentales,
mais nous mènent à nous interroger sur l’espoir ou le désir de
remplacer tout travail obligatoire par des machines, et sur celui
d’intégrer des robots dans notre environnement immédiat en tant que
« partenaires sociaux » avec lesquels nous allons interagir ou
entretenir des relations de dépendance ou de complémentarité.

Il faut reconnaître qu’il est bien difficile de trouver des
réflexions de fond sur ces questions, tant parfois hors de la
recherche, le tacite consensus « anti-robot » semble fort en
Occident. C’est qu’au-delà de simples questions politiques, il en va
de peurs ou d’interdits très profonds. |
|
5.2. LES NON-REPONSES,
OU L'ETAT DES PEURS ACTUELLES
|
Probablement pour
des raison culturelles, l’Occident a une attitude bien différente du
Japon face aux robots. Selon la communauté des chercheurs, elle le
mène à un retard certain. Cela a été exposé lors des rencontres
internationales de prospectives du Sénat français, « Le robot,
avenir de l'Homme ou Homme de l'avenir » au Palais du Luxembourg à
Paris, le 27 juin 2001. En voici quelques conclusions, paraissant
avoir fait l’accord des participants, selon la revue web « Automates
Intelligents »:
- « la recherche et le développement, en France, marquent depuis
quelques années une prise de retard qui risque d'être très
pénalisante, face à un domaine stratégique essentiel. Ce sont moins
les hommes qui manquent que les crédits. Les sommes mises par l'Etat
ou les collectivités publiques ne sont pas au niveau de ce que font
les pays européens voisins - sans parler des Etats-Unis et du Japon.
Les causes en sont complexes : mauvaise image de la robotique,
associée, à tort, au chômage, provoqué par la mécanisation et
l'automatisation, manque d'intérêt des pouvoirs publics et de
l'opinion, peu d'empressement des entreprises dans des domaines
comme la robotique sociétale qui, au Japon, se révèle un très fort
moteur de croissance,
- les habituelles mises en garde sur la déontologie que les
chercheurs doivent respecter sur des sujets pouvant être sensibles
ont été réitérées. Mais d'une façon générale, l'enthousiasme des
intervenants étaient tel que peu de gens - au moins dans la salle -
ont paru partager les craintes de Hugo de Garis relativement à une
future guerre entre les robots et les Hommes. C'est plutôt le souci
de rendre la robotique aussi connue et familière à tous que ne l'est
l’Internet, qui a été exprimé. »
Pour compléter ce tableau, voici ce que répond Frédéric Kaplan,
chercheur pour Sony à Paris, à la question « Comment les gens
réagissent-ils face aux AIBOs ? » :
« Les réactions sont très différentes selon les cultures. En France,
on rencontre souvent des réactions de peur, voir de réelle
hostilité. On craint que ce type de robots ne conduise à une
confusion des genres : que l'enfant qui joue avec ne fasse plus la
différence entre un animal et une machine. Cette problématique était
totalement absente au Japon. Là-bas, ce type de robot est tout à
fait naturel. Personne ne s'en inquiète.
Les Occidentaux se sont toujours définis par rapport à la machine.
Le fonctionnement du cœur à été éclairé par l'invention de la pompe.
La compréhension du système nerveux est allée de pair avec
l'invention de l'électricité. L'Homme utilise la métaphore de la
machine pour se comprendre. Mais ensuite, il se définit par
différence par rapport à elle, en disant "Je suis une machine mais
j'ai en plus cette chose dont la machine est incapable et qui fait
de moi un Homme". Au fur et à mesure que les machines font des
progrès, l'Homme cerne de mieux en mieux sa spécificité. Mais il le
fait souvent à contrecœur. Les Japonais ne procèdent pas de tout de
la même manière, les progrès de la machine ne les remettent pas en
cause et donc, ne les affectent pas. »
On relèvera de ces deux témoignages qu’un des fondements de
l’opposition à la robotique en Occident, c’est toujours, plus ou
moins inconsciemment, un refus du « Golem », un refus de voir
dissoute une rassurante barrière entre l’Humain ou le vivant et les
machines. On peut même se demander si l’hostilité envers
l’automatisation ne relève pas partiellement aussi de ce désir que «
chacun reste à sa place », en particulier l’Homme… Bref, s’il ne
s’agit pas aussi d’une traditionnelle peur du changement. Quoi qu’il
en soit, on s’aperçoit vite que l’enjeu philosophique sous-jacent
consiste à définir la place et le rôle de l’être humain.
Certains analystes déclarent que le débat anti-robotisation n’est
plus d’actualité. Il est vrai que les impératifs économiques des
entreprises ont rapidement fait sauter aux conclusions du débat,
mais cependant, il nous apparaît que les questions profondes n’ont
jamais été abordées. A titre d’illustration, on trouve encore de nos
jours, sur le site d’un collectif des PTT, une pétition clamant :
Centres
de renseignements : « Non à la robotisation ! Non à la perte de nos
emplois ! »
France Télécom prévoit 25% d’appels simples, traités par l’Annuaire
Vocal Automatisé (AVA) à l’horizon 2003, et jusqu’à 40% en 2004.
Face à la peur du chômage dû à l’automatisation dans les années 1961
à 1970 et 1971 à 1980, on a parfois objecté que la robotique et
l’informatique créent plutôt des emplois, comme si le rêve d’une
Humanité travaillant moins demeurait tabou. Que cela soit volontaire
ou pure coïncidence, on retrouve dans cette attitude l’image
rassurante d’un ordre presque divin qu’il ne faut pas bousculer et
dans lequel, comme nous le dit la Bible, « Tu gagneras ton pain à la
sueur de ton front. » (et donc, pas à celle du front de ton robot).
Or, si on regarde du côté du Japon, il apparaît bien qu’on
n’arrêtera pas le progrès, pas plus que les saisons, et que la
question se pose plutôt en « qu’allons-nous en faire pour en
bénéficier, jouer, et en jouir plutôt que le subir ?».
Il s’agit d’un profond changement de paradigme. Lorsque l’on est «
mis au chômage par les robots », on subit, mais lorsque l’on est «
payé pour le travail accompli par une machine », on en devient
l’heureux bénéficiaire. Qui se prétendrait aujourd’hui victime des
machines à laver ?
Pour revenir à la question plus fondamentale du Golem interdit, tant
qu’on refusera de réfléchir à notre notion de l’être humain, tant
que les idées de « robots biologiques », de « robots partenaires
sociaux » et d’intelligence supra-humain choqueront, on restera
coincé dans un dogme crypto-religieux du refus de bousculer «
l’ordre divin ». L’attitude opposée consiste à accepter les
résultats de la science et de la technologie comme une réalité dont
on ne pourra jamais se débarrasser, qu’on l’aime ou non, et
pragmatiquement, à chercher à en tirer un profit collectif.
Autrement dit, en dehors du champ des convictions philosophiques qui
devra souffrir un certain nombre de remises en question nécessaires,
ce n’est pas tant la robotique qui peut être à l’origine d’une
catastrophe sociale, mais une attitude politique trop immobiliste.
Si on regarde le retard pris par l’Occident sur le Japon, non
seulement au niveau technologique mais au niveau de l’attitude
politique voire philosophique, le mal est déjà commencé. Sera-ce le
déclin d’une civilisation vieillissante au profit d’autres plus
innovantes ? |
|
5.3. CHANGEMENT DE
PARADIGME
|
Sur les pages
d’une émission de Radio-Canada : « par 4 chemin », dans un texte de
réflexion sur le travail, on trouve les passages suivants :
« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », nous dit la Bible.
Mais le travail n'est plus ce qu'il était.
L'attitude face au travail non plus.
À notre époque de remise en question, il devient nécessaire de
redéfinir et le travail et notre attitude face au travail.
[…]
Peut-être le chômage est-il, après tout, une transition vers un
nouveau type de société. De même que l'absentéisme et les grèves.
Peut-être s'agit-il, en fait, d'une crise nécessaire pour
accoucher d'une nouvelle civilisation. Des douleurs qui donnent
naissance.
[…] La solution à la crise du travail que nous traversons
présentement, elle n'est ni technologique, ni intellectuelle. Elle
dépend du niveau de conscience. Elle exige que nous parvenions à
nous libérer de notre égoïsme, de notre besoin d'agressivité et de
domination. |
|
5.4. CONCLUSION
|
Il nous apparaît
de ce qui précède que le besoin essentiel permettant à ce que
certains appellent de « belles utopies » de prendre le chemin de
leur réalisation, réside en notre propre capacité à rêver et
espérer. Les rêves, les espérances et les utopies d’aujourd’hui
fondent la réalité de demain, car ce sont eux qui décident de notre
attitude et finalement de notre politique.
Pour qu’il soit possible de rêver, il faut être conscient des
possibles et de la dynamique actuelle en science, il faut donner la
parole aux chercheurs plus qu’aux journalistes d’opinion et surtout,
plus qu’aux vieilles religions obscurantistes.
Dans leur éditorial du numéro 30 (13 juin 2002) de la revue
électronique « Automates Intelligents », Jean-Paul Baquiast,
Christophe Jacquemin et Alain Cardon en appelaient à une science qui
montre aux jeunes « la place qu'ils pourraient tenir dans de grands
projets nationaux et européens. » Et leur proposition s’articulait
dans le sens d’une meilleure communication vers le public, en
mettant à profit l’Internet, pour « montrer en quoi les questions
abordées pourraient offrir à ceux des lecteurs qui le
souhaiteraient, la façon de s'impliquer directement dans des
recherches, en coopération avec des scientifiques ou techniciens
estimant qu'il y a pour eux un devoir civique à partager leurs
connaissances et leurs projets. »
Plus que de simples monographies de vulgarisation comme celle-ci, et
plus que de simples explications factuelles sur les projets de la
science, c’est une véritable culture « pro-science » que nous
souhaitons réveiller. Nous voulons, à l’image de ce qui se fait au
Japon, faire naître plus d’espoir par la possibilité concrète
d’améliorer notre quotidien des vingt prochaines années que par les
résultats d’un mondial de foot sur-médiatisé ou par l’élection de
politiciens qui tiennent le même discours démagogique depuis des
années sans que rien n’évolue. N’est-il pas étonnant que la science
avec son énorme flot quotidien de publications tienne aussi peu de
place dans les médias, en particulier les journaux télévisés ?
Nous souhaitons également promouvoir la créativité en science. La
robotique a un aspect ludique et artistique qui peut se révéler le
moteur d’un changement d’attitude, tant au niveau de la création
qu’à celui de l’acceptation par le public de progrès qui nous
mèneront très progressivement mais sûrement en direction d’une
robotique humaniste, au service de l’Humanité. |
|
6. BIBLIOGRAPHIE
THEMATIQUE
|
Mythologie, littérature et cinéma
Sur le Golem :
http://www.autrement-dit.com/automates/bibliotheque/articles/Golem.htm
http://moniquelisecohen.free.fr/Golem.htm
http://www.nlc-bnc.ca/6/6/s6-203-f.html
Asimov, les lois de la robotique :
http://www.fluctuat.net/cyber/articles/robot.htm
http://www.yannminh.com/english/TxtRobotCNAM130.html
Ouvrages généraux
Dictionnaire Historique de la Langue Française, Le Robert, Paris,
1992.
Robotique en général
La Recherche : no spécial no 350 de février 2002.
Revue électronique « Automates intelligents » : http://www.automatesintelligents.com
http://www.arfe-cursus.com/robotique-texte.htm
http://www.seishin.fr/~Mdmondes/layers/encyclopedie/fiches/annexgol.htm
Histoire de la robotique
[Espiau99] http://www.inrialpes.fr/bip/Bip-2000/article-long.html
http://collection.nlc-bnc.ca/100/200/301/csa-asc/history_robots-f/story_robot_f.pdf
http://interactif.lemonde.fr/article/0,5611,2862-4015-128238-0,FF.html
Ordinateurs
http://www.uqtr.uquebec.ca/~perrault/RECHER/HORD/IDEE.HTM
http://perso.club-internet.fr/olro/accueilm.htm
Automates
http://www.yannminh.com/english/TxtRobotCNAM060.html
http://www.autrement-dit.com/automates/
Cybernétique
http://perso.club-internet.fr/olro/accueilm.htm
Wiener et le Golem :
http://bastien1.free.fr/perso/articles/bastien_guerry_articles-16.html
IA et VA
http://valvassori.free.fr/faq/alife-fr.php3
http://www.alife.org/
http://agents.www.media.mit.edu/people/pattie/CACM-95/alife-cacm95.html
http://perso.club-internet.fr/olro/Memoire/IA-VA.htm
http://www.transfert.net/fr/dossiers/dossier.cfm?idx_dossier=33
(robots inspirés du vivant)
http://divine.eecs.berkeley.edu/~erl/erlnews6.html (robot-mouche)
Robots biologiques
http://strategis.ic.gc.ca/SSGF/tc00040f.html (bactérie à insuline)
http://www.cybersciences.com/Cyber/1.0/1_685_814.asp (animaux-usines)
http://www.besok.com/homme/actu/acth_bs_CF.cfm?id=3135 (robot à
cerveau de lamproie)
http://www.cnn.com/2002/TECH/science/05/01/remote.controlled.rats.ap/index.html
(rats télécommandés)
Applications
http://www.robosoft.fr/SERVICE/00_Press/Cleaning/EurCleaningJul97/P_RealRobot.html
(robot nettoyeur)
http://nssdc.gsfc.nasa.gov/database/MasterCatalog?sc=MESURPR (Mars
pathfinder’s Sojourner)
http://www.besok.com/actu.cfm?id=12246 (skieur)
http://world.honda.com/robot/
http://www.robocup.org (football)
http://pr.fujitsu.com/en/news/2001/09/10.html (HOAP)
http://www.corporateir.net/ireye/ir_site.zhtml?ticker=has&script=410&layout=9&item_id=151588
(jouet)
http://www.besok.com/homme/actu/acth_bs_CF.cfm?id=5753 (jouet
émotif)
http://www.vieartificielle.com/index.php?action=interview (interview
de Frédéric Kaplan)
Perspectives
http://news.bbc.co.uk/hi/english/in_depth/sci_tech/2001/glasgow_2001/newsid_1523000/1523687.stm
(Taï Chi)
http://www.00dr.com/breve.php3?id_breve=298 (maisons intelligentes)
http://www.maif.fr/site2/magazine/rec1.htm (voitures)
http://www.inrets.fr/doc/centre_de_doc/Lille/li_tech-nouv.html
(voitures)
http://www-rocq.inria.fr/praxitele/transports.html (voitures)
Philosophie et politique
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2001/15/senat.htm (journée
internationales de prospective du Sénat)
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2001/18/paradigme.htm (faut-il
avoir peur?)
http://www.larecherche.fr/special/comp/baquiast350.html (état de la
robotique mobile en France)
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3230--155584-,00.html
(l’automatisation et le chômage)
http://www.chez.com/lonniezone/machine.htm (réflexion sur la
machine)
http://www.sudptt.fr/cgi-bin/Sud/aff_doc.cgi?1670&0 (« non à la
robotisation »)
http://radio-canada.ca/par4/soc/travail.htm (réflexion sur le
travail)
http://www.geocities.com/~johngray/roman22.htm (analyse
politico-sociale de la robotisation) |
|
|
 |
  |
|
|